Badgeuses biométriques dans les centres de contrôle aérien
Mis à jour le 27 novembre 2025
En décembre 2023, le Bureau d'Enquêtes et d'Analyses (BEA) publiait son rapport sur l'incident grave survenu le 31 décembre 2022 à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac. Cet événement, impliquant un Airbus A320 et un Robin DR400, avait mis en lumière une faille critique : l'absence de moyen automatique, fiable et nominatif permettant de confirmer la présence effective des contrôleurs aériens à leur poste.
À la suite de cette recommandation, la Direction des services de la navigation aérienne (DSNA) s'est engagée dans un vaste chantier : l'installation de badgeuses biométriques dans les salles de contrôle. Ce déploiement vient de franchir une étape décisive avec la publication du décret n°2025-912 du 5 septembre 2025, qui autorise la création du système automatisé « SPS – Système de vérification de la présence sur site ».
Pourquoi le BEA a-t-il demandé une solution biométrique ?
L'incident de Bordeaux-Mérignac n'est pas anodin. Même si aucune collision ne s'est produite, le croisement d'un avion de ligne et d'un avion léger a frôlé le scénario catastrophe. L'enquête a établi que certains éléments relatifs à la présence et au suivi des contrôleurs étaient difficiles à établir avec certitude, faute d'un système d'enregistrement fiable.
- D'identifier nominativement les contrôleurs présents en salle
- De tracer précisément les horaires de prise et de fin de poste
- D'améliorer la reconstitution des faits en cas d'incident
- De renforcer globalement la sécurité du trafic aérien
En d'autres termes : dans un environnement où la moindre erreur peut avoir des conséquences graves, la traçabilité devait être améliorée.
Pourquoi la biométrie ?
Avant d'opter pour la biométrie, la DSNA devait obtenir l'autorisation de la CNIL. Cette dernière a jugé que la finalité est strictement liée à la sécurité aérienne, que le besoin de fiabilité est crucial, et que la biométrie constitue une solution proportionnée et pertinente par rapport aux enjeux.
Contrairement à un simple badge physique, la biométrie permet :
- D'éviter les emprunts de badge entre collègues
- De supprimer les risques de fraude ou d'usurpation d'identité
- D'assurer une identification sans ambiguïté
- De garantir une exactitude temporelle indispensable pour la sécurité
Si un contrôleur échange son badge avec un collègue pour dépanner, les registres deviennent faux. Avec la biométrie, chaque prise de poste est incontestable et la traçabilité totalement fiable.
Le décret n°2025-912 : une étape juridique clé
Publié le 5 septembre 2025, le décret officialise la création du traitement de données « SPS ». Ce texte encadre précisément les types de données biométriques collectées, leur durée de conservation, les mesures de sécurité associées, les droits et garanties accordés aux contrôleurs, ainsi que les finalités exclusives du système.
Autrement dit, le cadre légal est désormais clair : le système peut être déployé dans le respect du droit et de la vie privée, conformément au RGPD et aux recommandations de la CNIL.
Un déploiement opérationnel d'ici la fin de l'année
La DSNA avait anticipé cette étape réglementaire et planifié le déploiement pour 2025. Désormais validé, le Système de vérification de la présence sur site va être progressivement installé dans les principaux centres de contrôle :
- Tours de contrôle des grands aéroports
- Centres de contrôle en route
- Salles d'approche les plus sollicitées
Selon le calendrier prévu, l'ensemble des sites majeurs seront équipés de badgeuses biométriques d'ici la fin de l'année 2025.
Quels bénéfices pour la sécurité du transport aérien ?
La mise en place de ces badgeuses biométriques apporte des avancées majeures pour la sécurité aérienne :
Une traçabilité irréprochable
Chaque prise de poste est enregistrée de manière nominative, infalsifiable et instantanée. Les données sont horodatées avec précision et ne peuvent être contestées.
Une meilleure compréhension en cas d'incident
Les enquêteurs disposeront d'un historique précis et fiable, essentiel pour analyser les facteurs humains et reconstituer les événements avec exactitude.
Une organisation des équipes optimisée
Les chefs de salle peuvent vérifier en temps réel la présence des effectifs requis et s'assurer que tous les postes critiques sont correctement occupés.
Un renforcement de la confiance
Les passagers, les compagnies aériennes et les autorités disposent d'un niveau de sécurité supplémentaire, rassurant pour l'ensemble de l'écosystème aéronautique.
Un changement significatif, mais nécessaire
L'introduction de la biométrie peut susciter des interrogations, notamment auprès des contrôleurs concernés. Cependant, cette évolution répond à une réalité incontournable : la sécurité aérienne repose autant sur la technologie que sur la précision humaine, et la fiabilité des données est un pilier essentiel.
Avec le système SPS, la France s'inscrit dans une démarche moderne, rigoureuse et conforme aux meilleurs standards internationaux en matière de sécurité du trafic aérien.